Comment on en arrive là...

J’ai toujours provoqué mon propre malheur, et je ne m’en suis jamais plaint. Je ne vais pas commencer maintenant, ça m’ennuierait profondément.

Dites donc, quelqu’un se rappellerait-il ce que disait le Joker au Voleur ?

Le malheur, disions-nous… Mes parents m’ont très tôt inculqué la manière de ne pas être heureux. Comme le docteur d’Arqu’Ange d’Harlan Ellison dans Hitler peignait des roses, qui injecte un peu de mort à ses patients,  on inculquait à la fratrie une dose de malheur quasi-quotidienne, pour être certain de résister. Résister à quoi, d’ailleurs ? On n’a jamais vraiment su. Toujours est-il que c’est ainsi que nous avons résisté.

Dites-moi, c’est pas à vous qu’Abraham avait demandé de tuer un fils ?

Parfois, on se demande encore à quoi on a bien pu apprendre à résister, à part au bonheur. Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve, tu parles… L’enseignement était beaucoup plus strict que cela, et on ne risquait pas d’avoir à le fuir !
Comme nos parents n’étaient pas bien certains de notre malheur, ils ont fini par nous inscrire à des cours du soir, avec option auto-flagellation, en prenant bien soin de nous dire que personne n’était assez bien pour nous.

Au fait, il n’y a pas quelqu’un de vos connaissances qui serait mort sur une croix ?